La ville de Bordeaux est réputée pour ses échoppes, ces maisons basses à un étage et combles, qui ont marqué l’histoire architecturale de la cité. Pour comprendre l’origine et l’évolution de ces constructions, il convient d’en retracer le parcours et de découvrir les spécificités qui font leur charme et leur authenticité.

Des origines médiévales aux évolutions modernes
Au Moyen-Âge, les échoppes bordelaises faisaient office de maisons-ateliers. Elles étaient constituées d’une unique pièce en rez-de-chaussée où vivaient et travaillaient les artisans, tandis que les réserves se trouvaient à l’étage. La façade était généralement ouverte sur la rue, permettant une interaction directe avec les passants et les clients.
Avec l’essor urbain de la ville, les échoppes se sont progressivement transformées pour répondre aux nouvelles exigences de confort et d’espace. Leur hauteur s’est ainsi accrue, passant d’un étage et combles à deux étages et combles. Les murs se sont également épaissis et la façade a été fermée, offrant désormais une séparation entre la partie résidentielle et la partie commerciale.
L’alimentation en eau se faisait par un puits commun aux habitats mitoyens (ce qui explique qu’il peut encore exister des droits de passage en fond de parcelle)
L’apparition des échoppes doubles
Au XIXe siècle, pour faire face à l’accroissement démographique et à la pression foncière, les échoppes se sont adaptées en devenant doubles. Cette évolution a permis d’offrir davantage de surface habitable en proposant deux logements mitoyens sous un même toit. Les façades des échoppes doubles sont généralement symétriques et possèdent chacune une entrée indépendante.

Les spécificités architecturales des échoppes bordelaises
Si les échoppes bordelaises partagent certaines caractéristiques communes, elles sont également marquées par leurs spécificités qui font leur singularité. Parmi celles-ci :
- La façade, souvent composée de pierre de taille ou de moellons, est caractérisée par sa sobriété et son élégance. Les ouvertures sont généralement rectangulaires et disposées de manière régulière, avec une porte d’entrée encadrée de deux fenêtres en rez-de-chaussée et de trois fenêtres à l’étage. On trouve parfois des ornements tels que des modillons, des corniches ou des frontons, mais ils restent discrets et peu ostentatoires.
- Les murs présentent une épaisseur notable, témoignage de l’évolution des techniques de construction et de l’adaptation aux contraintes climatiques. Leur revêtement varie selon les époques et les quartiers, allant du simple crépi au parement de pierres apparentes.
- L’étage est souvent occupé par les pièces de vie, tandis que le rez-de-chaussée abrite les espaces de travail et/ou de stockage. Les combles sont généralement aménagés en chambre ou grenier.
- La maison basse, typique des échoppes d’origine, se caractérise par sa hauteur limitée (un étage et combles) et son implantation en bordure de rue. Elle offre une surface habitable réduite mais un charme indéniable grâce à son architecture traditionnelle et son authenticité.
- La souillarde, à l’arrière de la cuisine, ainsi qu’une avancée de toit supportée par un poteau tubulaire.
- Le petit jardin, permettant aux ouvriers de cultiver leurs légumes.
Les échoppes bordelaises aujourd’hui : entre préservation et modernisation
Au fil du temps, les échoppes bordelaises ont su s’adapter aux évolutions urbaines et sociales tout en conservant leur identité propre. Elles font aujourd’hui partie intégrante du patrimoine de la ville et témoignent de son histoire. Néanmoins, elles doivent également faire face aux défis actuels, telles que l’urbanisation croissante, la pression immobilière et les exigences en matière de confort et d’énergie.
La rénovation et l’extension des échoppes
Pour répondre à ces enjeux, de nombreux propriétaires d’échoppes optent pour la rénovation et l’extension de leur bien. Cette démarche permet non seulement de préserver l’architecture originelle, mais aussi d’améliorer le confort et les performances énergétiques du logement. Les extensions peuvent prendre différentes formes :
- L’élévation, consistant à ajouter un étage supplémentaire, est une solution privilégiée pour gagner en surface habitable et valoriser l’échoppe. Elle nécessite néanmoins de respecter certaines règles d’urbanisme et de préserver l’harmonie architecturale du quartier.
- La surélévation permet d’aménager les combles en créant une nouvelle pièce ou un espace de rangement. Cette option est particulièrement adaptée aux échoppes basses dont la hauteur sous plafond est limitée.
- L’extension latérale est envisageable lorsque le terrain le permet, par exemple en annexant une parcelle voisine ou en aménageant un garage existant. Cette solution offre la possibilité de créer de nouveaux espaces de vie tout en préservant la façade de l’échoppe.
Quelle que soit l’option choisie, il est essentiel de veiller à conserver l’identité et le charme des échoppes bordelaises, véritables témoins de l’histoire de la ville et éléments clés de son patrimoine architectural.